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Blog gérontologique de Richard Lefrançois - Un forum de discussion et d'échange sur les enjeux et les défis de la vieillesse et du vieillissement
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  • Richard Lefrançois
  • Retraité et professeur associé (Université de Sherbrooke, Québec), Sociologue, gérontologue
  • Retraité et professeur associé (Université de Sherbrooke, Québec), Sociologue, gérontologue

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1 mars 2015 7 01 /03 /mars /2015 22:17
Centenaires amoureux

En tant que gérontologue retraité, j'ai la chance, le privilège et l'immense bonheur d'avoir encore mes parents, aujourd'hui âgés de 102 ans (ma mère) et 100 ans et demi (mon père).

Le 14 février dernier, jour de la Saint Valentin, le réseau TVA a diffusé un reportage sur mes parents centenaires. Et le lendemain Le Journal de Montréal et le Journal de Québec ont publié un article pour souligner cet événement rarissime. On peut lire ce reportage à cette adresse:

http://www.journaldemontreal.com/2015/02/14/centenaires-et-amoureux

Richard Lefrançois

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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 13:57

Baptiste Ricard-Châtelain
Les baby-boomers changent radicalement le portrait du couple âgé. La génération qui a démocratisé le divorce, l'union libre et le mariage de conjoints de même sexe bouscule les idées reçues sur pépé et mémé!

Québec - En 30 ans, le nombre d'aînés qui ont divorcé ou se sont séparés a triplé, nous informe Mireille Vézina, analyste au Centre canadien de la statistique juridique de Statistique Canada. Ils sont encore minoritaires - autour de 12 % de nos aïeuls ont déjà rompu au moins une union stable -, mais la tendance est lourde. Le tiers de la prochaine cohorte de retraités, ceux qui ont aujourd'hui entre 55 et 64 ans, ont «expérimenté plus d'une union dans leur vie».

«C'est la génération du baby-boom qui arrive», enchaîne Mme Vézina. La même qui a connu l'adoption de la première véritable législation sur le divorce, en 1968. Et qui a participé à accroître l'accessibilité par une nouvelle loi votée durant les années 80.

Mais ces divorcés ne veulent pas nécessairement rester seuls jusqu'au dernier repos. Plus de 75 % des hommes et 55 % des femmes ont fondé un nouveau ménage! Et la majorité se sont remariés. Les vieux en couple ne forment pas nécessairement de vieux couples, en somme.

N'empêche, même si le mariage a encore la cote, les aînés vivent aussi de plus en plus en union libre, observe Statistique Canada. Surtout dans la Belle Province, société distincte. «Au Québec, la proportion des unions libres a toujours été plus importante. On le voit même chez les personnes plus âgées. C'est une autre tendance qui gagne du terrain.»

Réglons tout de suite l'essentiel : la majorité des couples de plus de 65 ans sont toujours et encore mariés. Quelque 11 % des papis et mamies vivent néanmoins hors du mariage, dans la même maisonnée. Deux fois plus que dans le Rest of Canada (ROC). D'ici quelques années, près du quart des couples aînés du Québec seront concubins!

Mireille Vézina fait également remarquer que, «depuis 30 ans, il y a beaucoup plus de personnes âgées qui vivent en couple, que ce soit en union libre ou mariées». Malgré les divorces, il y a plus de couples âgés qu'avant? Voilà qui mérite explication... «Avant», l'homme décédait pas mal plus jeune que sa douce. Celle-ci parcourait donc les dernières saisons seule. «Au cours des dernières années, l'espérance de vie des hommes a augmenté plus rapidement que celle des femmes.» Voilà qui permet à plus de couples de rester ensemble et à plus d'âmes esseulées de se réunir.

Et oubliez (un peu) le préjugé voulant que Monsieur convole avec une jeunesse. Dans la moitié des ménages de plus de 65 ans, les amants ont moins de trois ans d'écart. Il demeure que 46 % des hommes sont âgés d'au moins quatre années de plus de leur conjointe. C'est parfois l'inverse : dans 6 % des ménages, c'est la femme qui cumule au moins quatre ans de plus que son homme.

Cas de solitude

Au-delà des chiffres sur les couples, il ne faut pas oublier d'entrevoir la solitude importante vécue par tous les autres, ceux et celles qui ne se rembarquent pas dans l'aventure, commente le sociologue Richard Lefrançois, lui-même retraité. Il était professeur à l'Université de Sherbrooke et chercheur à l'Institut universitaire de gériatrie.

«Les couples vivent plus longtemps en couple», certes. Mais lorsqu'un conjoint décède ou que le mariage éclate, tous ne sont pas enclins à chercher une nouvelle âme soeur. «Plus ça arrive tard chez les femmes, moins elles ont tendance à être intéressées à revivre en couple. C'est plus difficile pour les hommes d'accepter la solitude.»

«Les femmes ont une espérance de vie plus longue», explique-t-il. «La solitude de la vieillesse touche donc beaucoup plus les femmes.»

Les familles vont aussi être ébranlées, analyse Richard Lefrançois. «La dynamique» change quand grand-papa, fraîchement divorcé après un long mariage, débarque avec sa nouvelle flamme... Enfants et petits-enfants devront s'ajuster.

Parlant d'ajustement, soulignons que les couples homosexuels et lesbiens franchissent lentement mais sûrement le cap de la retraite. Statistique Canada en compte environ 4000. Au cours de la prochaine décennie, le groupe devrait croître rapidement pour atteindre au moins 10 000 couples de même sexe de plus de 65 ans.

© 2014 La Presse inc., une filiale de Gesca. Tous droits réservés.

Numéro de document : news·20140225·CY·4742140

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 16:45

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par Richard Lefrançois, La Tribune, 6 novembre 2013


Dette publique frôlant les 190 milliards, chômage avoisinant le 8%, précarité d’emploi et consommation réduite des ménages, voilà autant de symptômes que le Québec piétine, menacé de retomber en récession malgré de minces signes encourageants. Défié lui aussi de toutes parts, l’État peine à préserver l’intégrité du tissu social et à tenir sa promesse de réduction des inégalités.

Vont de pair avec cette léthargie économique, l’insuffisance du revenu, l’endettement chronique et l’exclusion sociale.Il n’en fallait pas plus pour que la Régie des rentes tire la sonnette d’alarme : « Trop de Québécois se dirigent tout droit vers l'insécurité financière plutôt que vers une retraite dorée ». Voilà une déclaration qui fait injure à l’image convenue et réconfortante d’une population vieillissante prétendument à l’abri des tracas financiers.

L’épargne-retraite sert à protéger la santé financière des aînés. Or, cette importante source de revenu s’épuise en raison de la chute des rendements boursiers et des nouvelles restrictions aux régimes à prestations déterminées. On sait que pour conserver une qualité de vie satisfaisante, chaque retraité a besoin de 70 % de ses revenus de travail. Les régimes publics couvrent environ 40 % et la balance provient de l’épargne personnelle. Tout indique qu’il sera de plus en plus difficile d’atteindre l’objectif du 70% notait le rapport d’Amours. 

Étonnamment, pendant que s’érodent les revenus des aînés et que se délitent leurs conditions d’existence, le discours officiel se veut rassurant. Pour mettre ce nouvel enjeu en perspective, confrontons le point de vue de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) sur le revenu des aînés avec les observations émanant du terrain.


L’observation macro-économique

En juillet 2013, l’ISQ attirait notre attention sur l’évolution du revenu de 1981 à 2010, ajustée en dollars constants. Celui-ci a augmenté de 24 % chez les 55 à 64 ans, de 43 % chez les 65 à 74 ans et de 53 % chez les 75 ans et plus. Pouvons-nous inférer que le revenu des aînés s’est amélioré significativement? Transposer ces pourcentages en valeurs absolues permet d’y répondre. Dans le cas des 65-74 ans, le revenu moyen est passé de 18 100 $ à 25 800 $ en 30 ans. Considérant l’augmentation exorbitante du coût de la vie au cours de cette période (énergie, panier d’épicerie, logement), c’est un maigre accroissement du revenu qui n’a rien de très réjouissant.  

Se basant sur le revenu médian, l’ISQ constate que la proportion des Québécois à faible revenu est passée, en quelques années à peine, de 2,5 % à 10 %. On s’aperçoit que le taux de faible revenu est encore plus prononcé dans la tranche des 55-64 ans, soit 16 %. Ici encore, les valeurs absolues reflètent mieux l’ampleur du problème. On découvre alors qu’environ 200 000 Québécois de 55 ans et plus vivent carrément dans la misère !   

 2.      Une mosaïque complexe

Toute analyse du revenu ne peut faire abstraction de la structure sociodémographique complexe de la population âgée, un immense segment en forte progression. Également, on ne peut ignorer que tout au long du cycle de la vieillesse, les besoins financiers fluctuent considérablement, selon les dépenses en santé, le coût des loisirs ou le niveau d’endettement (voiture, rénovation, hypothèque). Cette diversité des besoins et dépenses est d’autant plus accentuée que la fourchette d’âge de la vieillesse s’étire en aval comme en amont, conséquence des retraites précoces et de l’allongement de l’espérance de vie. Socialement, nous devenons vieux plus tôt, tandis que biologiquement nous sommes vieux plus tard. Le sénior de 55 ans n’est-il pas perçu comme un aîné, au même titre que l’octogénaire ou le centenaire? Il n’existe donc plus de prototype de la personne âgée. Elle constitue une entité à géométrie variable!

Mesurer le faible revenu à partir de grands agrégats statistiques commande donc la plus grande prudence. Cette approche ne brosse qu’un portrait sommaire, voire équivoque, de la pauvreté, surtout en regard de la population vieillissante. C’est pourtant cette voie réductionniste que persiste à emprunter Statistique Canada, l’Institut de la statistique du Québec et plusieurs chercheurs.

 

3.      L’observation sur le terrain

Mieux placés que quiconque pour prendre le pouls des aînés et repérer les sous-groupes vulnérables, les organismes communautaires sont à l’avant-garde de la lutte contre la pauvreté. Le soutien aux sans-abri et l’aide alimentaire constituent leurs deux principaux chevaux de bataille.

La surpopulation des aînés sans-abri est un phénomène en rapide expansion, surtout dans la métropole, mais de plus en plus dans des municipalités moyennes comme Sherbrooke. L’organisme montréalais pour itinérants, PAS de la rue, constate une augmentation phénoménale de sa clientèle depuis dix ans, soit 50 %. Celle-ci est fortement composée de séniors ayant perdu leur emploi en fin de vie active et qui ne reçoivent que l’aide sociale. Plusieurs femmes âgées itinérantes perçoivent moins de 5 000 $ annuellement, alors qu’au minimum 13 000 $ est nécessaire pour échapper à la grande misère. Environ 10 % ne réclamerait pas le supplément de revenu garanti auquel elles ont droit. Au Québec, l’itinérance accapare une douzaine de concertations régionales regroupant plus de 300 organismes.

Par ailleurs, l’enquête Bilan-faim a révélé que le recours aux banques alimentaires a enregistré un bond stupéfiant de 22 % depuis trois ans. Au-delà de 1 000 organismes et 16 000 bénévoles répondent mensuellement à plus d’un million et demi de demandes d’urgence. Et on constate que les aînés sont de grands utilisateurs de l’aide alimentaire.

Les intervenants communautaires s’aperçoivent bien que les aînés défavorisés ont une santé fragile, une espérance de vie moindre et qu’ils font face à un cumul d’adversités. Effectivement, l’accès aux médicaments, aux soins dentaires et de santé se complique lorsque l’insuffisance du revenu se conjugue avec l’âge avancé, surtout chez les sans-emploi, les immigrants, les personnes vivant seules et les analphabètes.

Les ressources humaines, matérielles et financières mobilisées par les groupes populaires pour accompagner les plus démunis sont la preuve de leur acharnement à juguler le fléau de la pauvreté, en même temps qu’elles témoignent de la gravité de ce problème. Leur efficacité tient essentiellement à leur proximité avec les demandeurs d’aide et à leur capacité de mettre en chantier des pratiques innovantes, porteuses de sens et d’humanité au bénéfice des aînés démunis. 

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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 20:13

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Les femmes françaises vieillissent mieux. Elles sont plus aimées, mieux dans leur peau et donc plus belles que les autres... Ceci n'est pas un flagrant délit d'autosatisfaction, mais le constat du New York Times, qui l'écrit : "S'il y a un secret pour vieillir avec grâce, les Françaises le connaissent." Voilà qui est dit. De Catherine Deneuve à une passante, l'auteur - Ann Morrison, journaliste américaine installée à Paris - ne tarit pas d'éloges sur les plus de 40 ans en France : "Elles semblent défier l'idée selon laquelle, en vieillissant, il faut se cacher derrière du botox, du collagène pour rehausser les paupières ou gonfler les lèvres et toutes sortes de procédés qui donnent un air pathétiquement jeune." Et de résumer (ne boudons pas notre plaisir) : "Être attirante, à tout âge, c'est juste un truc que les Françaises savent faire." Ce talent fou, Ann Morrison l'explique par une façon différente d'appréhender la lutte contre les effets du temps d'un côté et de l'autre de l'Atlantique : "Les Américaines, et moi la première, abordent les soins personnels dans un esprit pratique et d'efficacité, tandis que les french women que je connais voient dans le chouchoutage de leur peau, de leurs cheveux et de leur corps un rituel plaisant et gratifiant."

Et comme, en plus d'être belles, les Françaises sont bonnes copines, elles ont partagé avec Ann Morrison leurs secrets de beauté. Secret numéro un : ne jamais prendre du poids. Selon elle, à chaque fois que les Françaises constatent un kilo supplémentaire sur la balance, elles feront tout ce qui est en leur pouvoir pour faire revenir l'aiguille à son point de départ. Et là encore, elles excellent : car, selon la journaliste du NYT, les femmes françaises considèrent le sport - ou en tout cas les salles de gym - comme une "torture", et se contentent de marcher, beaucoup marcher, y compris avec des stilettos aux talons vertigineux qu'elles baladent comme des pantoufles sur les pavés du Quartier latin. Et si, par malheur, un jour, elles n'ont pas le temps de déambuler boulevard Saint-Germain à la recherche d'une "petite culotte La Perla à 100 euros", "il y aura toujours une pilule, une lotion, une machine ou un traitement pour faire l'affaire". Ah, et encore un petit truc : les Françaises sont addicts aux thalassothérapies, dont l'auteur rappelle qu'elles sont nées en France. Quoi, vous ne vous reconnaissez pas ?

La Sécurité sociale, secret de beauté des Françaises

Ann Morrisson précise pourtant bien qu'elle parle de la "femme française moyenne, celle qui fait ses courses rue du Faubourg Saint-Honoré, qui déjeune tranquillement rive gauche ou qui se promène à travers le jardin du Luxembourg". Ah, on se disait aussi : elle ressemble étrangement à Inès de La Fressange, la Française moyenne... Mais, à en croire la journaliste, il n'y a pas besoin d'être riche pour être Juliette Binoche. Car le secret de beauté le mieux gardé des Frenchies, c'est leur Sécurité sociale : "Certaines femmes sont assez malignes - ou ont des raisons médicales suffisantes - pour se procurer des ordonnances prescrivant des semaines entières dans un spa, ce qui signifie que la Sécurité sociale les rembourse", explique-t-elle. Idem pour les dermatologues, selon la journaliste : certes, les femmes françaises se maquillent légèrement, "mais il est plus facile d'avoir l'air naturel quand on a une super peau". Or, en France, "les rendez-vous chez les dermatologues sont souvent remboursés". Rendez-vous compte !

 

Non contente de nous attaquer sur ce point sensible - la Sécurité sociale -, Ann Morrisson s'appuie sur des chiffres qui font mal à notre porte-monnaie : selon un sondage Mintel datant de 2008, les Françaises dépensent 2 milliards d'euros par an en soins du visage, à peu près autant que les Espagnoles, les Allemandes et les Anglaises réunies. Et elles commencent jeunes : 33 % des Françaises entre 15 et 19 ans utiliseraient des crèmes antirides. N'empêche. Étant plus minces, les Françaises doivent lutter plus durement contre le vieillissement de leur peau, c'est bien connu. Et ce n'est pas parce qu'elles sont plus aimées, par les autres comme par elles-mêmes d'ailleurs, qu'elles sont plus belles, contrairement à ce que conclut Ann Morrison. Non, non. En fait, les Françaises - ou en tout cas celles que la journaliste fréquente - refusent simplement la fatalité qui veut qu'une femme doive, en vieillissant, choisir entre la ride et la fesse.

Auteur: 

source: http://www.lepoint.fr/societe/vieillir-avec-style-une-specialite-so-french-16-07-2010-1215612_23.php

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 19:46

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Jeudi le 30 mai 2013, j'étais le conférencier invité (keynote speaker) à une journée de réflexion tenue à Paris sur le rôle du numérique chez les seniors. Ma conférence s'intitulait : Le Vieillissement actualisé à l'ère du numérique (Pour une anthropologie positive du vieillissement).

La conférence était sous les auspices de Microsoft France (réunion tenue dans ses locaux à Paris) et de MonaLisa.

Lien: 

 http://www.rslnmag.fr/post/2013/05/31/Revivez-la-conference-Senior-et-alors-en-images.aspx

Les vidéo aussi:

http://www.microsoft.com/france/secteur-public/senior-et-alors.aspx

 

Résumé présenté par Tommy Pouilly

A notre colloque "Senior et alors ?", le sociologue et gérontologue québécois Richard Lefrançois est venu partager sa vision d'une"anthropologie constructive et positive du vieillissement". Son objet d’étude ? Les technologies et les pratiques qui aident à mieux vieillir, à rebours d’un discours dominant selon lequel les personnes âgées sont un obstacle à la progression de la société. Conscient qu'il y a "des opportunités de croissance dans le vieillissement", le spécialiste explique s'intéresser "à l’expérience de vie plutôt qu’à la longévité" et à "la qualité plus qu'à la quantité".

Rester actif, la clé du "bien vieillir"

Pour lui, il y a en effet trois façons de vieillir. Les décrocheurs sont des personnes à l’abandon de la société, souvent en détresse car elles n’y sont plus adaptées. Les spectateurs regardent la marche du monde sans s’impliquer dans des actions qui pourraient pourtant les faire grandir. Les acteurs représentent au contraire une vieillesse active et optimale, parfois engagée dans des causes militantes.

Le vieillissement qu'encourage Richard Lefrançois serait plutôt inspiré de cette dernière catégorie : il serait ainsi actif et optimal. Actif, par le maintien d’un engagement social, le soutien des proches, des loisirs ou même du travail rémunéré. Optimal, par la santé, la sécurité, l’autonomie… ainsi que tous les paramètres qui autorisent la poursuite du développement personnel. Car "la sociabilité des personnes âgées demeure intacte et leur capacité d’adaptation est également importante", rappelle le spécialiste. Ce qui ne veut pas forcément dire que nos Seniors devraient travailler plus longtemps : 

"Au fil des années le vieillissement actif (s’engager) est devenu un vieillissement dans le monde du travail. Or les ainés ont un rôle beaucoup plus important que de continuer à travailler. Je suis ouvert à l’idée d’allonger un peu au nom de la solidarité mais il faut avoir une liberté de choisir de continuer ou non son travail. C’est la société qui a voulu que la vie soit longue c’est à elle de trouver des solutions au travail".  

Changer de point de vue sur nos aînés pour mieux les intégrer

La fin de vie connaît des bouleversements et un véritable paradoxe :alors que l'espérance de vie augmente rapidement, on reste considéré comme "vieux" par nos pairs au même âge qu'avant, voire de plus en plus jeune (50 ans sur le marché du travail). Alors qu'on soigne de mieux en mieux les maladies du grand âge (cancers, alzheimer...), déclassement et précarisation guettent des personnes à qui il reste souvent plus de trente ans à vivre. D'un côté, on glorifie des longévités exceptionnelles qui font la fierté des familles, et de l'autre on regarde la vieillesse comme une déficience, le début d'un naufrage.

Nos aînés doivent ainsi faire face à l'exclusion et l'isolement(discrimination à l’embauche, précarisation et décrochage, insécurité économique...), aux représentations négatives (agisme, stigmatisations), et même à des maltraitances (négligence, mauvais traitements, abus, exploitation financière...). 

Condamnant cette "vision apocalyptique" d'un vieillissement que l'on associe à la crise de notre société, Richard Lefrançois en appelle àtransformer nos représentations sociales :

"On regarde la colonne des passifs plutôt que des actifs. Or une personne malade, remise sur pied, c’est une personne qui contribue socialement, elle créé des emplois (médecins, infirmiers, aide à domicile…). Le coût associé au service de santé est à mettre en perspective, ce n’est pas une perte nette".

On aurait tort également de considérer que seuls les jeunes peuvent être créatifs. La catégorie "seniors" elle-même a tendance à enfermer artificiellement ce qui reste un monde riche et varié, avec au moins deux vitesses : du jeune sénior (50-64 ans) à la petite vieillesse (65-79 ans), les facultés ne sont pas les mêmes qu'au moment de la grande vieillesse (80-89 ans) et même de l'extrême vieillesse (90+). "Il y a des seniors branchés à internet et d’autres branchés sur des outils médicaux", rappelle Richard Lefrançois.

Alors, quand l'économie fait grise mine, pourquoi ne pas miser justement sur l'économie grise ? "L’innovation technologique, au cœur d’une économie grise humanisée et solidaire, met la personne vieillissant au centre des politiques et des projets", explique le gérontologue, avant de conclure : 

"Il faut voir la personne ainée comme une ressource, un atout, un espoir et non comme un obstacle ou une menace".

 

 

RL

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 15:03

On n'a plus les «vieux» qu'on avait

Par Louise LEDUC

La Presse

15 janvier 2013

Le culte de la performance gagne les personnes âgées, au grand dam de celles qui n'ont aucune envie d'une retraite au grand galop. A-t-on encore le droit, quand on est vieux, de se bercer tranquillement?

«Je ne cours pas, je ne joue pas au tennis, je n'ai aucune envie de faire le tour de la planète et non, je ne me lèverai pas de bonne heure le matin pour aller marcher au centre commercial. J'ai été une super infirmière, je n'ai pas le goût d'être une super vieille.»

À 69 ans, Ginette Martel se sent fatiguée. Elle a envie de flâner, de se lever vers 10 h si ça lui chante. L'ennui, c'est qu'elle se sent de plus en plus marginale. «Il y a ma coiffeuse qui continue à travailler à temps plein à 65 ans, en plus de marcher tous les jours et de jouer aux quilles. J'ai une amie de 65 ans qui court, qui joue au golf et au tennis. Moi, je ne crois pas que l'on vit plus vieux en bougeant davantage. Ma mère a vécu longtemps et je l'ai vu couler ses vieux jours en restant tranquillement à la maison.»

S'il n'y avait que l'entourage! Mme Martel ne se reconnaît pas non plus dans les personnes âgées qu'elle voit à la télévision. Comment font-elles, les Janette Bertrand, Denise Filiatrault et Monique Mercure de ce monde, toutes exceptionnelles de vitalité?

        En même temps, Mme Martel ne cache pas être plutôt trompe-l'oeil, elle aussi. Non, on n'a plus les «vieilles» qu'on avait. «On cherche à demeurer coquette, on s'habille jeune. Nos proches ne réalisent donc pas qu'on vieillit quand même. Ils ne comprennent pas que non, ça ne nous tente pas de conduire seules, l'hiver, jusqu'en Gaspésie.»

Le magazine Le Bel Âge, avec ses chroniques sur les crèmes antirides, sur la lutte aux varices et sur les liftings, illustre combien vieillir, c'est de l'ouvrage.

«Dans les sites de rencontre, les femmes qui cherchent un compagnon se font dire de ne jamais révéler qu'elles ont plus de 60 ans, relève Mme Martel. Avant, les vieux qui sortaient avec des petites jeunes, ça se voyait à Hollywood, mais là, on dirait que ça nous rattrape. Prenez Jean-Pierre Ferland qui sort avec une femme de 40 ans!»

Sylvie, qui préfère taire son nom de famille, le constate aussi. «Mon père, qui a 90 ans et qui jouait au tennis jusqu'à récemment, sort avec une femme qui en a 58. Il a toujours eu l'air jeune, et il a d'ailleurs menti sur son âge quand il l'a rencontrée. Et jamais, au grand jamais, il n'aurait flirté avec une femme de son âge!»

En bonne baby-boomer, Sylvie a bien vécu - «j'étais une cliente assidue du Thursday's» - et admet s'être usée un peu prématurément. À 64 ans, elle n'a plus la santé et elle n'a pas envie de performer, «comme cette amie de Montréal qui fait des triathlons à 75 ans».

Béatrice Picard, notre Marge Simpson nationale, ne fait pas dans le sport, mais à 83 ans, elle foule toujours les planches et il lui arrive d'abattre des semaines de travail de 60 heures. À l'écouter parler, ce qui l'épuise, c'est de tenir à bout de bras certaines personnes âgées de sa connaissance qui n'ont pas le goût de grand-chose. Mais qu'on ne se méprenne pas. «Quand je me lève, certains matins, j'ai 108 ans!»

Le sociologue Richard Lefrançois, professeur associé à l'Université de Sherbrooke, relève deux cas de figure: ces dynamos qui n'arrêtent pas et ceux qui ont envie de se poser un peu. «Il y a quelques années, je donnais une conférence sur l'importance pour les personnes âgées de rester actives. Un homme a levé sa main et il a demandé: «Mais est-ce correct de ne pas vouloir aller au gym, de ne pas avoir le goût de faire trop de bénévolat et d'avoir envie, souvent, de regarder tomber la neige?»»

Tant qu'on ne s'isole pas, qu'on ne devient pas dépressif ou au contraire, qu'on ne s'illusionne pas sur sa mortalité, chacun fait comme il le sent, rappelle M. Lefrançois.

Le problème, c'est qu'il y un «déni de la vieillesse» très fort chez un grand nombre de baby-boomers qui avancent en âge. «On ne veut pas vieillir, on refuse la mort, et les personnes âgées dans les publicités et les magazines sont presque toujours de très jeunes vieux.»

Dans le magazine Time, en 2009, Catherine Mayer inventait le mot «amortalité» pour définir cette idée voulant que la vieillesse soit «out» et que l'on dispose aujourd'hui de tout un arsenal pour la combattre.

De fait, constate Richard Lefrançois, «grâce à de bons soins de santé, on est vieux de plus en plus tard et de moins en moins longtemps. Ce n'est pas comme à une certaine époque où l'on se faisait vieux dès ses 55 ans. De nos jours, cela n'arrive souvent que vers 75 ans... et l'on meurt parfois cinq ans plus tard».

Mais s'il vous plaît, docteur, pas trop ridé et en ayant résisté aux lois de la gravité?

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 21:37

 

Un paysan possédait un chien fidèle, nommé Sultan. Or le pauvre Sultan était devenu si vieux qu'il avait perdu toutes ses dents, si bien qu'il lui était désormais impossible de mordre. Il arriva qu'un jour, comme ils étaient assis devant leur porte, le paysan dit à sa femme :
- Demain un coup de fusil me débarrassera de Sultan, car la pauvre bête n'est plus capable de me rendre le plus petit service.
La paysanne eut pitié du malheureux animal :
- Il me semble qu'après nous avoir été utile pendant tant d'années et s'être conduit toujours en bon chien fidèle, il a bien mérité pour ses vieux jours de trouver chez nous le pain des invalides. 
- Je ne te comprends pas, répliqua le paysan, et tu calcules bien mal : ne sais-tu donc pas qu'il n'a plus de dents dans la gueule, et que, par conséquent, il a cessé d'être pour les voleurs un objet de crainte ? Il est donc temps de nous en défaire. Il me semble que s'il nous a rendu de bons services, il a, en revanche, été toujours bien nourri. Partant quitte.
Le pauvre animal, qui se chauffait au soleil à peu de distance de là, entendit cette conversation qui le touchait de si près, et je vous laisse à penser s'il en fut effrayé. Le lendemain devait donc être son dernier jour ! Il avait un ami dévoué, sa seigneurie le loup, auquel il s'empressa d'aller, dès la nuit suivante, raconter le triste sort dont il était menacé. 
- Écoute, compère, lui dit le loup, ne te désespère pas ainsi ; je te promets de te tirer d'embarras. Il me vient une excellente idée. Demain matin à la première heure, ton maître et sa femme iront retourner leur foin ; comme ils n'ont personne au logis, ils emmèneront avec eux leur petit garçon. J'ai remarqué que chaque fois qu'ils vont au champ, ils déposent l'enfant à l'ombre derrière une haie. Voici ce que tu auras à faire. Tu te coucheras dans l'herbe auprès du petit, comme pour veiller sur lui. Quand ils seront occupés à leur foin, je sortirai du bois et je viendrai à pas de loup dérober l'enfant ; alors tu t'élanceras de toute ta vitesse à ma poursuite, comme pour m'arracher ma proie ; et, avant que tu aies trop longtemps couru pour un chien de ton âge, je lâcherai mon butin, que tu rapporteras aux parents effrayés. Ils verront en toi le sauveur de leur enfant, et la reconnaissance leur défendra de te maltraiter ; à partir de ce moment, au contraire, tu entreras en faveur, et désormais tu ne manqueras plus de rien. 
L'invention plut au chien, et tout se passa suivant ce qui avait été convenu. Qu'on juge des cris d'effroi que poussa le pauvre père quand il vit le loup s'enfuir avec son petit garçon dans la gueule ! qu'on juge aussi de sa joie quand le fidèle Sultan lui rapporta son fils ! 
Il caressa son dos pelé, il baisa son front galeux, et dans l'effusion de sa reconnaissance, il s'écria : 
- Malheur à qui s'aviserait jamais d'arracher le plus petit poil à mon bon Sultan ! J'entends que, tant qu'il vivra, il trouve chez moi le pain des invalides, qu'il a si bravement gagné ! Puis, s'adressant à sa femme :
- Grétel, dit-il, cours bien vite à la maison, et prépare à ce fidèle animal une excellente pâtée ; puisqu'il n'a plus de dents, il faut lui épargner les croûtes ; aie soin d'ôter du lit mon oreiller ; j'entends qu'à l'avenir mon bon Sultan n'aie plus d'autre couchette. 
Avec un tel régime, comment s'étonner que Sultan soit devenu le doyen des chiens.
La morale de ce conte est que même un loup peut parfois donner un conseil utile. Je n'engage pourtant pas tous les chiens à aller demander au loup un conseil, surtout s'ils n'ont plus de dents.

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 21:06

 

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     Le COFFRET aux souvenirs                               

Votre récit de vie personnalisé/  

 par Richard Lefrançois, biographe


 

visitez mon site pour plus d'informations

http://coffretsouvenirs.over-blog.com/ 


razvivez-souvenirs

 

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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 15:46

AVIS DE PARUTION Aux Presses de l'Université Laval

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Résumé :

 

Sous la direction de Hachimi Sanni Yaya

Depuis l’aube des temps, la vieillesse a toujours fait l’objet d’une formidable ambivalence existentielle. Tantôt vénérée et considérée comme symbole de sagesse, mais souvent dévalorisée et synonyme du déclin de l’être, elle interpelle tout être humain, quel que soit son âge, son statut et sa condition. Les progrès médicaux et les nouvelles technologies qui, au cours des dernières décennies, ont ouvert d’incroyables perspectives, ont contribué à faire émerger une certaine idée de la vieillesse qui, du point de vue de la modernité, serait un naufrage, une triste aventure de vie. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la majorité des humains, du moins dans les sociétés occidentales, vivront jusqu’à un âge avancé, et beaucoup plus en santé qu’autrefois. Le vieillissement en soi transporte malheureusement trop de possibilités de marginalisation car celle-ci est considérée comme le mal du siècle.

L’originalité de cet ouvrage très pluridisciplinaire est d’offrir un large spectre de connaissances issues de spécialistes d’origines variées sur la problématique du vieillissement. 12 chapitres ouvrent ce livre sur le « devenir vieux », une préoccupation inscrite dans les mythes d’origine de la plupart des civilisations, en l’actualisant dans le sillage des courants transhumanistes et prolongévistes qui sont les plus représentatifs de ce soulèvement de la science contre le grand âge. À l’heure où tous, dans un accord parfait, entonnent l’hymne à la jeunesse éternelle et dans un contexte de l’avènement de l’homo biologicus, ces contributions nous invitent à réfléchir sur la façon dont il encore possible d’envisager la profondeur de la condition humaine derrière la fragilité de celle-ci.
 

Ont collaboré à cet ouvrage
Catherine Bergeret-Amselek, Johanne Collin, Gérard Bonnet, Eric Le Bourg, Guy Bourgeault, Josée Grenier, Alain Houziaux, Céline Lafontaine, Richard Lefrançois, Annette Leibing, Éric Volant, Hachimi Sanni Yaya

 


 

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 14:44

Médaillon du prix Nicolas-ZayL'Association québécoise de gérontologie (AQG) est heureuse d'annoncer les nouveaux gagnants. Les cinq membres du jury, Jean-Louis Bazin, Hubert de Ravinel, Catherine Geoffroy, Anne Monat (qui a dû se retirer à la dernière minute), Nelson St-Gelais, ont eu la difficile mais passionnante tâche de juger le travail des finalistes et, finalement, de décider de remettre un prix ex æquo.

Le Prix a donc été octroyé à madame Nicole Ouellet, directrice générale de la Fondation Berthiaume-du-Tremblay. C'est avec un engagement constant, tant professionnel que personnel, que madame Ouellet a travaillé, tout au long de sa carrière, à faire avancer la cause des aînés, notamment au cours des vingt dernières années à la direction de la Fondation Berthiaume-Du Tremblay. 


 

Le Prix a aussi été octroyé à monsieur Richard Lefrançois. Ph.D. en sociologie. Retraité depuis 2004, monsieur Lefrancois a œuvré comme professeur-chercheur aux départements de service social et de psychologie de l'Université de Sherbrooke, ainsi qu'au Centre de recherche sur le vieillissement de l'Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke. Parmi ses principales réalisations, monsieur Lefrancois a participé intensément à l'élaboration du programme de maîtrise en gérontologie de l'Université de Sherbrooke et a été le principal artisan du premier programme de doctorat en gérontologie du Canada, en plus d'avoir été le coordonnateur de l'Étude longitudinale québécoise sur le développement psychosocial des personnes âgées (1998-2004). Pour en savoir plus sur monsieur Lefrançois, nous vous invitons à visiter la page suivante :http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Lefran%C3%A7ois.  

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Le Prix reconnaissance Nicolas-Zay comprend une plaque commémorative accompagnée d'une adhésion à vie comme membre honorifique de l'AQG, ainsi qu'un abonnement à vie à la revue de l'AQG, Vie et vieillissement. Rappelons que le prix Nicolas-Zay a été décerné jusqu'à maintenant à mesdames Thérèse Darche et Anne Monat, Micheline Dubé et Martine Lagacé ainsi qu'à messieurs Réjean Hébert, Hubert de Ravinel et Marc-André Delisle.

Pour l'AQG, la promotion de la gérontologie auprès des étudiants est un enjeu essentiel pour le développement et le rayonnement de la gérontologie au Québec. Pour ses prochaines éditions, l'AQG a le plaisir d'annoncer l'ajout d'un prix qui reconnaîtra l'apport de la relève (les conditions seront affichées en 2012 sur notre site Internet).

La présidente de l'AQG, madame Catherine Geoffroy, au nom des membres du conseil d'administration, tient à féliciter chaleureusement les lauréats de 2011.

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